Il fallait la voir Safi N'Diaye soulever à bout de bras ce trophée du Tournoi des 6 Nations féminin 2018. Sur la pelouse boueuse de Colwyn Bay tant pis si les Galloises ne sont pas à la fête avec cette quatrième victoire de rang. Les Françaises, elles, ne cachent pas leur joie. Cette victoire, c'est aussi le cinquième Grand Chelem de leur histoire après 2002, 2004, 2005 et 2014.

« Je ne sais pas comment je pourrais me sentir mieux. C'est génial ; on a fait un énorme truc ! », s'époumone Romane Ménager.

Présente sur la feuille de match sur le banc à côté de sa sœur jumelle Marine, Romane a pu apprécier ce moment fort en famille ; le tout premier de sa toute jeune carrière. « C'est un petit plus de le vivre ensemble », nous confie-t-elle. « Nous sommes très soudées avec Marine et le rugby c'est vraiment notre truc depuis qu'on est toutes petites. C'est des choses dont on a rêvé et là, on a réussi à le faire toutes les deux dans un super groupe. »

Un 2e Grand Chelem pour N'Diaye

Ce groupe, la vétéran Safi N'Diaye l'a vu se constituer, muer, se transformer au fil des derniers mois. « Il y a un noyau présent depuis quelques temps, des joueuses qui sont arrivées pour la Coupe du Monde 2017 et des nouvelles filles qui sont venues des Moins de 20 », détaille la deuxième-ligne. « Au final, ça a fait une osmose et ça s'est très bien passé. Les filles ont intégré le groupe de manière très facile et on a réussi à garder un groupe très fort. Au final, on n'a pas eu l'impression de tout recommencer à zéro. C'est une continuité. Les jeunes amènent de la fraîcheur et du talent ; c'est très agréable de jouer à côté d'elles. »

Elle-même était présente dans le groupe en 2014, la dernière fois que l'équipe de France de rugby féminin a remporté le Grand Chelem. « Il y a toujours autant d'émotion, de plaisir. C'est un nouveau groupe, c'est différent ; on ne peut pas comparer les deux », nuance-t-elle. Elle admet néanmoins « un sentiment d'un objectif atteint et d'une promesse tenue ».

Retour à une vie normale

Après la troisième marche du podium à la Coupe du Monde de Rugby Féminin 2017 en Irlande, ce groupe France qui est en train de naître, semble promis à un bel avenir. « C'est un groupe qui continue d'évoluer et qui continuera d'évoluer avec plein de jeunes et d'anciennes qui transmettent très bien les valeurs du groupe. C'est génial, car tout le monde apprend de tout le monde », s'enthousiasme Romane Ménager.

« C'est une équipe très soudée. Des filles très vaillantes. On ne lâche jamais rien, je crois que ça s'est vu dans toute la compétition, et on ne prend pas beaucoup de points car on n'a pas envie d'en prendre. Ce qui fait un bon groupe, c'est de montrer qu'on a une grosse défense. »

Et effectivement, en cinq matches, la France n'aura encaissé que 23 points, tandis que l'Angleterre en prenait plus du double. La France a été l'équipe qui a encaissé le moins de points de toute la compétition.

Désormais, c'est un retour à une vie normale qui attend les joueuses. « C'est retour en cours et on va cravacher pour rattraper le retard... », admet Romane Ménager, actuellement en première année de licence en Staps. « Je vais retrouver dès mardi mes jeunes dans ma vie normale », sourit de son côté l'éducatrice spécialisée Safi N'Diaye. La prochaine grosse échéance ne sera pas avant l'année prochaine avec le Tournoi 2019.