Jusqu'au bout les sceptiques ont douté. Et finalement, les Bleus l'ont emporté 22-16 lors d'un Crunch mémorable qui restera dans les mémoires. Une victoire au courage, à l'envie. Mais pour Didier Retière, le directeur technique national (DTN) de la fédération française de rugby (FFR), il faaut remettre ce résultat dans son contexte.

« Tu perds d'un point dans les arrêts de jeu contre l'Irlande qui va faire le Grand Chelem, tu aurais pu gagner en Ecosse qui a battu l'Angleterre, tu as mis trente points aux Italiens et tu gagnes contre l'Angleterre. Ca veut dire que, globalement, cette équipe, avec toutes les imperfections qu'elle peut avoir, n'est pas si loin que ça », assure-t-il.

"Globalement, cette équipe, avec toutes les imperfections qu'elle peut avoir, n'est pas si loin que ça..."

Didier Retière

« On a perdu des ballons en touche, on a été pénalisé en mêlée, on a fait des erreurs à l'image de Beauxis à la fin du match... Mais la seule chose qu'il y avait en plus, c'est que les mecs avaient envie de gagner ensemble et ça, tout le monde l'a vu. »

Ainsi donc Jacques Brunel, qui a repris les rênes du XV de France serait en passe de réussir son pari ? En une victoire, la France est montée de deux rangs dans le classement mondial, quittant une triste 10e place à laquelle elle était coincée. De fait, l'équipe de ce début d'année ressemble de moins en moins à l'équipe qui était encore sur les terrains fin 2017.

Une toute autre équipe

« Tu sens réellement une équipe qui est en train de se mettre en place avec des joueurs qui ont changé d'attitude », analyse Retière. « Pour moi, l'attitude de Mathieu Bastareaud n'a rien à voir aujourd'hui, par rapport à la tournée de novembre. Ca veut dire aussi que l'effet du management se ressent. On a vu une équipe solidaire, que les mecs se sont bougés.

"Le niveau international ne te permet pas de te reposer sur tes lauriers..."

Didier Retière

« Les joueurs sélectionnés actuellement correspondent un peu plus à ce qui est attendu au niveau international. Quand tu vois le match qui a été fait par Gabrillaghes... 17 plaquages ; il est réeellement dans les exigences du haut niveau. Il court, il se déplace... Et même s'il est moins costaud que certains autres, sa mobilité a fait merveille. Pareil avec Camara et Doumayrou. C'est en train de se mettre doucement en place. Le niveau international ne te permet pas de te reposer sur tes lauriers et tout sera remis en cause à la tournée de juin et ainsi de suite. »

Cette métamorphose semble également satisfaire le public qui, même lorsque la France a la tête dans le sceau, sait se mobiliser. « La France est un grand pays de rugby », affirme Retière. « On est une des rares nations à avoir autant de monde dans les tribunes. C'est 75 000 personnes à Saint-Denis, 18 000 à Grenoble (où les filles jouaient, ndlr) et 8 000 à Béziers (pour voir la défaite des U20, ndlr). On a vraiment un public qui a envie de voir du rugby et de regarder l'équipe de France. Ca aussi ça doit nous faire prendre conscience qu'on a un potentiel incroyable. »