Jusqu'au bout, les 17 440 spectacteurs du Stade des Alpes à Grenoble et les 948 000 téléspectateurs sur France 4 auront tremblé. Et ce n'est que par un petit point d'écart – 18 à17 – que l'équipe de France féminine de rugby a réussi à se dégager des Red Roses lors de ce match décisif de la quatrième journée du Tournoi des 6 Nations féminin.

« Le secret était de ne rien lâcher, d'autant que les Anglaises font un premier quart d'heure monstrueux », analyse Laura di Muzio, commentatrice du Tournoi pour France TV. « Je me suis dit au début qu'elles sortaient leur plus beau rugby alors que les Françaises avaient du mal à mettre en place leur défense qui est leur force. Et finalement, elles ont fait le dos rond, elles ont mis des barbelés et n'ont rien lâché. Je crois que c'est l'abnégation qui fait qu'elles sont allées chercher cette victoire. »

"Je crois que c'est l'abnégation qui fait qu'elles sont allées chercher cette victoire..."

Laura di Muzio

Malgré un premier essai anglais à la 8e minute (Dow), il aura fallu en effet la demi-heure de jeu pour que les Françaises (en l'occurrence Jessy Trémoulière) aplatissent pour la première fois de la rencontre et mènent de trois points à la pause (10-7). Tout au long de la rencontre, le score aura ainsi été serré.

« Je pense qu'au début il y avait un peu de pression, un peu de fébrilité. Tu sais que tu joues ton Tournoi des 6 Nations sur ce match. Elles ont peut-être été un peu moins sereines que sur les précédents matches où elles étaient annoncées favorites. Mais elles ont eu l'état d'esprit parfait pour aller chercher cette victoire », poursuit Laura.

« Il y a eu de belles rentrées. Yanna (Rivoalen) avec (Pauline) Bourdon font du bien ; elles arrivent à poser un peu plus le jeu car c'est vrai que sur la première mi-temps il y a énormément de fautes de main. Elles ont joué un peu trop vite et du coup, lorsque tu te précipites, tu fais de petites fautes. Super coaching et super état d'esprit des filles qui sont entrées et qui ont apporté un vrai plus, quoi ont été des impact player. »

Pas de temps mort

Selon Laura di Muzio néanmoins, deux, voire trois filles, sortent du lot : « deux grosses guerrières : Marjorie Mayans et Safi N'Diaye qui ont été clairement les fers de lance de la défense française », assure notre experte en rugby féminin. « On a aussi Julie Duval derrière qui met la main sur tous les ballons. Ce sont trois filles qui ont vraiment montré la marche à suivre. Tout le monde a eu un rôle à jouer, mais selon moi ce sont ces trois là qui ont montré la marche à suivre à l'équipe de France et qui nous ont permis de basculer de temps faibles à temps forts dans des moments-clés. »

Que ce soit sur le terrain ou dans les tribunes, il n'y a eu aucun temps mort. « C'est vrai qu'au-delà du score, c'était avant tout un super combat, un super match de rugby pour les 18 000 personnes qui étaient au stade et les autres devant leur TV », assure Laura di Muzio. Ca montre qu'il y a une place pour le rugby féminin de haut niveau dans le cœur des Français et elles ont rempli le job. Les Anglaises et les Françaises ont réussi à porter le score. C'est ce genre d'affiche qui donne envie aux gens de regarder le rugby.

« C'est dans la continuité de ce qui s'est fait l'année dernière en Coupe du Monde. C'est aussi une superbe reconnaissance pour les filles, pour le travail engagé depuis toutes ces années. »

Prochain rendez-vous contre le Pays de Galles vendredi 16 mars à 19h au Parc Eirias à Colwyn Bay. Objectif : s'offrir le Grand Chelem. Et face à une nation qui vient d'être reléguée à la 9e place du classement mondial World Rugby, les filles ont des raisons d'y croire...