Une semaine après la déception de la victoire manquée de peu face à l'Angleterre, le XV de France avait cette obligation de résultat en accueillant le XV du Chardon sur ses terres, au Stade de France. Avec les tripes, au forceps, au bout du chrono, mais pas toujours avec la manière, la France l'a enfin décroché cette victoire, 22-16.

Dès le coup de sifflet final, on sentait poindre l'amertume dans le discours des joueurs comme du staff, selon l'antienne : quand on produit un beau rugby on perd, quand le jeu n'est pas si convaincant, on gagne. Un refrain que Didier Retière a du mal à accepter. « On minimise la performance des Écossais, c'est un peu notre défaut », analyse le directeur technique national, ancien entraîneur de l'équipe de France des moins de 21 ans championne du monde en 2006 et entraîneur adjoint du XV de France sous Marc Lièvremont.

« Il faut constater que depuis pas mal de temps, les Écossais font vraiment de bonnes performances comme contre l'Irlande qui a montré qu'ils sont devenus très compétitifs. Il ne faut pas non plus faire la fine bouche. On a malgré tout dominé même si on s'est fait peur. Mais en face il y avait une très bonne équipe écossaise. »

Selon lui, malgré les erreurs et autres cafouillages, les Tricolores n'ont pas à rougir du jeu qu'ils ont produit. « Contre ces Écossais, c'est toujours un peu toujours le même scénario : on sent qu'on est peu plus puissant qu'eux, on les fait reculer, on les traverse un peu, mais c'est une défense très élastique avec des joueurs très mobiles, qui contestent les ballons dès qu'ils sont en surnombre. On a manqué, c'est vrai, de lucidité dans la défense, on a manqué un peu de soutien, on a tenté des passes un peu hasardeuses. Je pense que c'est ce qui a permis aux Écossais de rester dans le match », dit-il.

Trop grande pression

De là à penser à une « victoire moche » comme certaines voix – à commencer par celle de Guy Novès 48h avant le coup d'envoi – pouvaient le laisser penser ? « Il faut dire que les Écossais l'ont fait devenir moche car ils ont été tellement vaillants, tellement pertinents qu'ils ont rendu le match très difficile ! », nuance Retière. « Il ne faut pas nier leur performance. Ça fait un moment que les Écossais n'ont pas pris de raclée et il faut s'en souvenir. C'est une équipe très en place, avec de très bons joueurs. On a su maintenir un style cohérent malgré nos lacunes dans les rucks et le soutien. La fin de match était intéressante car on a su maintenir le résultat. »

Il faut également souligner que la pression était importante sur les épaules des joueurs après trois matches pertinents mais qui se tous soldés par de « belles défaites ». « Ça a joué d'autant plus qu'à certains moments ont s'est senti vraiment au bord. L'essai en contre qu'on se prend en début de deuxième mi-temps a refroidi un peu tout le monde. Je pense qu'il y a une vraie pression qui était là tout au long du match. Une défaite supplémentaire aurait été assez problématique », admet le DTN.

« Ce n'est pas un non-match »

Pour autant, il refuse de considérer cette prestation comme « un non-match de référence », comme il apparaissait sur les réseaux sociaux dès la fin de la rencontre. « Je crois que c'est l'antithèse d'un bon match », rectifie Didier Retière. "Les Français ont essayé de faire un bon match. Moi, j'ai trouvé que cette équipe essayait d'avoir de l'ambition.

« On sait que cette équipe écossaise est difficile à manier, qu'elle se referme tout de suite. C'est justement pas un non-match ! Certes il y a eu des lacunes qui vont être retravaillées. C'est de ces erreurs-là qu'on va continuer à construire. Autant par le passé on a eu parfois des non-matches, sans d'initiative, avec un jeu assez stérile. Mais je crois que là c'est l'inverse, car on a justement eu des initiatives ! D'accord elles n'ont pas toutes été forcément à propos ni très performantes, mais c'est un match sur lequel il y a pas mal de leçons à tirer pour la suite. »