Après le XV de France, le XV du Cameroun. L'ancien joueur (69 sélections) devenu sélectionneur de l'équipe de France (2011-2015) Philippe Saint-André va entraîner l'équipe nationale du Cameroun en vue de la Coupe d'Afrique qu'elle disputera à domicile face au Nigeria et à l'Algérie, du 6 au 13 mai prochains.

Avec près de 5 000 joueurs officiellement recensés, le Cameroun cherche à sortir de l'anonymat sous l'impulsion de son nouveau manager général, Georges Ngono. C'est lui qui a su convaincre son amis d'enfance Philippe Saint-André de s'engager à ses côtés pour cette aventure célébrant les 20 ans de la fédération qui, selon PSA, pourrait bien les mener jusqu'à la Coupe du Monde de Rugby 2023. En exclusivité pour World Rugby, Ngono nous raconte les dessous de cette annonce.

 

Comment s'est construite cette histoire ?

Georges Ngono : C'est une histoire assez complexe… Avec Philippe nous avons été formés ensemble à Romans. Vous savez, Romans, c'est un peu les Gaulois du rugby ! On s'est connu tout petit et chacun a suivi sa voie, mais nous sommes toujours restés en lien. A la fédération du Cameroun, nous avons vécu des événements douloureux suite à de mauvaises gestions. J'étais manager de la fédération en 2012, mais j'ai démissionné avant de réintégrer la maison en 2016. Je voulais éviter le pire au Cameroun et je me suis donc remis au boulot.

Vous dirigez tout depuis la France (Ngono habite Valence, ndlr) ?

Du moins ce que je peux ! Il y avait une grosse partie internationale qu'il fallait régler. Dernièrement, j'ai déclenché une formation World Rugby au Cameroun où la fédération a détaché des cadres pour remettre à niveau nos techniciens. Tout s'est très bien passé et la confiance est revenue. Je pars lundi au Cameroun et je mets tout en place.

Recruter Saint-André est un super coup pour la fédération...

Bien sûr ! C'est là où l'amitié dans le rugby prend son véritable sens. Je dois relever le challenge. L'Afrique noire doit sortir de l'anonymat. Ça s'est fait tout simplement… : "Allô Philippe, comment ça va, qu'est-ce que tu fais ? Moi je suis le manager général de la fédération, c'est moi qui pilote la maison, tu ne veux pas me donner un coup de main ?" Il m'a dit oui, avec plaisir !

""Allô Philippe, comment ça va, qu'est-ce que tu fais ? Moi je suis le manager général de la fédération, c'est moi qui pilote la maison, tu ne veux pas me donner un coup de main ?" Il m'a dit oui, avec plaisir !"

Georges Ngono

Il y vient de manière bénévole, ça doit rassurer tout le monde…

Oui, c'est là où ça met tout le monde KO par terre. Ils sont surpris. Je garantis à Philippe qu'il ne va pas dormir dehors, on prendra en charge son voyage et son hébergement et tout ce qu'il faut. Mais j'ai vraiment besoin de relancer cette maison avec des jeunes qui ont un potentiel énorme.

Ils ne peuvent pas tous jouer au football et espèrent faire comme certains de leurs aînés qui sont ici, en France. Ce n'est pas au niveau du championnat national qu'ils vont pouvoir se montrer mais au niveau des compétitions internationales. En faisant le tour, on a découvert qu'il y avait un réservoir assez important en France (Olivier Missoup, Arsène Nnomo, Christian Njewel..., ndlr), notamment chez les moins de 20 ans dans l'équipe de France. Il y en a un peu partout.

Ça va déclencher quelque chose, notamment chez tous ces jeunes joueurs, non ?

Oui, ça va être un vrai boost pour tout le monde. Pour le peuple, c'est quelque chose d'inespéré. J'arrive avec des idées très occidentales en prenant en compte les réalités locales. Mais l'excellence, c'est en France qu'on la retrouve et c'est vers elle que l'on tend. Alors, quoi de mieux que de prendre des gens qui connaissent l'excellence.

Philippe nous apportera toujours des conseils. On va profiter de sa présence pour bonifier tout ça et poser les structures comme il se doit. Ça ne peut qu'aider Rugby Afrique dont le président, Aziz Bougja, fait un boulot impressionnant.

Concrètement, c'est une pige de quelques semaines ?

Oui, mais après, lorsque Philippe parle lui-même de 2023 (Coupe du Monde Rugby, ndlr), c'est là où nous voulons être. Il m'a confirmé qu'il pourra se dégager du temps cinq à six fois par an pour venir nous donner un coup de main si besoin. Philippe est quelqu'un de très ouvert, c'est un super bonhomme. Il n'a pas changé depuis qu'on est tout petit !

C'est une belle aventure humaine que l'on doit vivre ensemble. A nous d'embarquer un maximum de gars qui veulent vivre ça. Il s'investit réellement. Il vient vraiment pour aider le Cameroun et le rugby africain. Je pense que certains jeunes vont vouloir profiter de cette opportunité pour pouvoir se projeter plus haut. Comme on dit crûment : il faut se sortir les doigts et bouger.