Lorsqu'il a dévoilé la composition de son XV de départ depuis Marcoussis vendredi 10 février au matin, le sélectionneur de l'équipe de France Guy Novès n'a pas caché sa stratégie qui tient en trois points : apporter de la puissance, renforcer le banc et surtout bien terminer le match.

Loann Goujon sera titulaire contre l'Ecosse au Stade de France dans ce qui se présente comme une victoire impérative du XV tricolore afin d'éviter l'éclatement d'une crise (de confiance, entre autres). « Je ne sais pas où on va percer, mais on va essayer de percer », dit Novès en faisant porter sa stratégie sur les épaules de Goujon. « Si les Écossais sont serrés au cœur, on les prendra au large. S'ils sont étirés sur la largeur, on les prendra au cœur. La titularisation de Loann a pour objectif de gagner en puissance. On va essayer de s'adapter à ce rugby écossais qu'on a tous vu évoluer ces dernières années. »

Cette titularisation – seul changement dans l'équipe qui avait perdu 19-16 contre l'Angleterre la semaine précédente - envoie Damien Chouly sur le banc des remplaçants. Un pari pour Novès et son staff qui ne compte pas non plus délaisser la touche, l'un des points forts des Écossais. « La touche écossaise est l'une des meilleures au monde avec les frères Gray notamment. On ne la découvre pas. Avec les joueurs concernés, Yannick (Bru, ndlr) a très bien travaillé », assène le sélectionneur.

"Garder des atouts sur le banc est quelque chose de très important."

Guy Novès

« On s'est préparé comme chaque semaine, à commencer par regarder des vidéos de leurs touches », confirme Julien Le Devedec appelé pour remplacer Arthur Iturria sur le banc. « On sait qu'ils sont redoutables et qu'ils ont un bon alignement. Mais chaque week-end on se prépare à affronter de grandes touches, comme celle des Anglais. En fait, tous les week-ends c'est compliqué. J'espère qu'on fera les bons choix. »

Renforcer le banc

Gonfler le banc est donc un choix purement stratégique et totalement assumé pour Novès. « L'entrée de Rabah (Slimani, ndlr) avec Xavier (Chiocci, ndlr) a été très bonne la semaine dernière (contre l'Angleterre, ndlr). Je pense que tout le monde a vu que notre équipe de France a eu du mal à gagner le match. Garder des atouts sur le banc est quelque chose de très important, mais aussi on veut voir si Uini Atonio a compris les discours et va présenter une copie différente. On voulait lui tendre la main », relève Novès.

« Je n'ai jamais eu la chance de jouer contre l'Ecosse, mais on voit que c'est une équipe qui progresse chaque année, qui avant était dans le fond du Tournoi et qui aujourd'hui inquiète les équipes », confie Le Devedec qui se prépare à de (très) longues séquences de jeu sur la pelouse du Stade de France. 

« Ils ont un jeu de mouvement où ils enchaînent les séquences en espérant faire craquer l'adversaire. Beaucoup d'équipes essaient de faire ça aujourd'hui. Ça va être un test pour notre cardio et notre concentration. Il faudra tenir des séquences longues, ne pas craquer. C'est ce qu'ils attendent. Il va falloir être patient, toujours faire la ligne et essayer de les contenir. »

"Ça va être un test pour notre cardio et notre concentration. Il faudra tenir des séquences longues, ne pas craquer."

Julien Le Devedec

Tenir jusqu'au bout

Le défi qui s'annonce n'est donc pas facile et devra être relevé par des joueurs dans une forme physique optimum. « Mon discours cette semaine a été lié à la copie qu'on a rendu contre l'Angleterre, en particulier dans le quart d'heure », raconte Guy Novès.

« On perd le match à neuf minutes de la fin, c'est rageant. Quand on regarde dans le détail le comportement des uns et des autres dans ces dix dernières minutes, on comprend tout à coup pourquoi le mur s'effrite et finit par craquer avec ces deux essais qui nous tuent à la fin. On doit se concentrer sur la fin du match. Contre l'Australie, la fin du match peut nous permettre de gagner et on ne gagne pas. Contre la Nouvelle-Zélande on perd de peu. En Angleterre, on perd à la fin. C'est agaçant. Dans ce projet, on a une équipe jeune même physiquement. Il faut aussi qu'on ait une équipe qui se serve de ses différents échecs pour gagner de la maturité et du caractère à la fin des matches. Il faut que cette progression ne stagne pas. »

L'équipe de France contre l'Ecosse :

Cyril Baille, Guilhem Guirado, Uini Atonio, Sébastin Vahaamahina, Yoann Maestri, Loann Goujon, Kevin Gourdon, Louis Picamoles, Baptiste Serin, Camille Lopez, Virimi Vakatawa, Gaël Fickou, Rémi Lamerat, Noa Nakaitaci, Scott Spedding.

Remplaçants : Christopher Tolofua, Rabah Slimani, Xavier Chiocci, Julien Le Devedec, Damien Chouly, Maxime Machenaud, Jean-Marc Doussain et Yoann Huget.